Vous devez faire traduire un écrit, alors que votre collègue doit discuter avec une personne qui parle une langue différente.
À qui faire appel?
À un traducteur ou à un interprète?
Vous pourriez être surpris de constater que ces deux professions langagières, semblables en apparence, exigent des compétences fort différentes.
Décortiquons sans tarder ce que sont la traduction et l’interprétation!
Deux jumelles non identiques
La traduction et l’interprétation sont des disciplines linguistiques similaires nécessitant une passion pour les langues.
Les deux exigent un effort intellectuel et mental soutenu, que les machines modernes n’arrivent pas encore à égaler.
De prime abord, la seule différence entre la traduction et l’interprétation réside dans le média utilisé.
En bref, le traducteur réécrit des textes alors que l’interprète reformule des paroles.
En fouillant un peu, on s’aperçoit toutefois qu’il ne faut pas se fier aux apparences : il y a bien davantage de différences entre les deux, surtout en ce qui concerne les aptitudes des professionnels en question.
La langue écrite et la langue parlée
Vous avez probablement déjà lu quelque part qu’il y a trois modes différents d’apprentissage : visuel, auditif et kinesthésique.
Les deux premiers sont assez évocateurs, mais mentionnons au passage que Le Grand Robert définit la kinesthésie comme étant « la sensation interne du mouvement des parties du corps assurée par le sens musculaire […] et par les excitations de l’oreille interne ».
N’ayant pas mené de recherches approfondies sur le sujet, nous pouvons tout de même supposer que les traducteurs sont des apprenants visuels, puisqu’ils doivent porter une grande attention aux menus détails.
Les interprètes, eux, appartiennent probablement au groupe des apprenants auditifs, car ces derniers possèdent, entre autres, une capacité d’écoute très aiguisée.
Le premier a une vision bionique, alors que le second a une ouïe extraordinaire.
En quoi consiste la traduction?
La traduction est l’art de transposer dans une autre langue l’essence d’un texte écrit.
Afin de maximiser la qualité de son travail, le traducteur professionnel traduit vers sa langue maternelle, soit sa langue première.
De plus, il doit comprendre parfaitement le texte d’origine et connaître la culture du pays d’où l’écrit provient pour en saisir toutes les nuances et les subtilités.
À l’aide d’une multitude de dictionnaires informatisés, d’immenses banques de données et d’ouvrages de référence électroniques, il produit ensuite dans la langue d’arrivée une traduction juste, précise et idiomatique, qui véhicule le message de départ.
S’il a de la chance, le traducteur peut travailler à son rythme et laisser reposer sa création avant de la soumettre.
Comme il passe son temps à écrire, sa capacité de rédaction est l’une de ses principales forces.
L’apport de la traduction
La traduction a vraisemblablement vu le jour en même temps que les premiers écrits de l’histoire.
En Europe, l’origine de cette discipline pourrait remonter au moment où l’on a entrepris la traduction de la Bible.
Les textes sacrés, alors rédigés en hébreu, ont d’abord été traduits en grec.
Considérant l’immense place qu’occupe la religion dans l’histoire de l’humanité, la traduction a joué un rôle crucial dans l’organisation et l’épanouissement des sociétés.
Elle a notamment contribué au développement des peuples, à la création de l’économie planétaire et à la mondialisation.
Grâce aux traducteurs, les idées, pensées, connaissances et notions propres à chaque culture du globe ont voyagé d’un pays à l’autre, ne demandant qu’à être assimilées pour éveiller la conscience humaine.
Les grands érudits, comme Confucius, Rûmî, Socrate, Nietzsche, Newton, Michelangelo ou Kafka, ne parlaient pas tous la même langue.
C’est grâce aux traductions de leurs œuvres ou de leurs livres, et donc par le fait même aux traducteurs, que leur savoir et leurs connaissances rayonnent aujourd’hui sur les cinq continents.
En quoi consiste l’interprétation?
L’interprétation est l’action de restituer dans une autre langue un discours oral, qu’il s’agisse d’un monologue, d’un dialogue ou d’une conversation de groupe.
Elle fait aussi appel à la rhétorique, à la gestuelle et aux tons, selon le contexte.
L’interprète doit donc être en mesure de transposer dans les deux langues de subtiles nuances de sens, des registres linguistiques et des termes de spécialité.
Il doit reproduire sur-le-champ tout le sens du discours.
La communication est donc immédiate, contrairement à la traduction.
L’interprète écoute attentivement ce qui est dit sans interrompre le locuteur, demeurant neutre aux propos de ce dernier.
Ensuite, il reformule le message dans l’autre langue et exprime verbalement ou gestuellement les propos du locuteur, et ce, sans passer par l’écrit.
Il n’a que pour seul support sa mémoire à court terme.
C’est toute une gymnastique!
L’apport de l’interprétation
L’interprétation langagière remonterait à l’Égypte ancienne, au troisième millénaire avant Jésus-Christ. [1]
Les Égyptiens ont d’ailleurs créé un hiéroglyphe pour exprimer la fonction d’interprète, lui qui servait à des fins diplomatiques, politiques, commerciales, religieuses et militaires, notamment.
Aujourd’hui, chaque interprète est spécialisé dans une ou plusieurs combinaisons de langues, y compris la langue des signes.
L’interprète est donc appelé à travailler dans les écoles auprès d’élèves malentendants, dans les salles de conférence réunissant les ressortissants de différents pays ou encore au tribunal pour interpréter les procès qui se déroulent dans une autre langue.
Tout comme la traduction, l’interprétation a contribué à un partage de connaissances culturelles, scientifiques, scolaires et politiques.
Ces professions connexes ont traversé le temps pour se moderniser et conservent, de nos jours, toute leur importance.
Le traducteur protège l’héritage linguistique écrit, alors que l’interprète, lui, veille sur l’héritage oral.
En résumé
C’est, grosso modo, ce qui distingue ces deux spécialités.
Si vous devez présenter un document écrit dans une autre langue, faites appel à un traducteur.
Si vous avez plutôt besoin de discuter avec des locuteurs d’une langue différente de la vôtre, retenez les services d’un interprète.
Rappelons enfin que la faculté de traduire ou d’interpréter n’est pas donnée à tout le monde.
Après tout, ce n’est pas parce que vous avez deux mains que vous savez jouer du piano, n’est-ce pas?
[1] Van Hoof, H. De l’identité des interprètes au cours des siècles. Consulté en ligne le 27 novembre 2018. https://cvc.cervantes.es/lengua/hieronymus/pdf/03/03_009.pdf.